Je viens de lire avec plaisir le “je(u) de soi” en construction de Sylvie le Bars . C’est exactement ce que je ressens aussi, même si les chemins sont différents.
Et comme je viens de mettre un petit commentaire sur le blog de René de Beauregard à propos de la vanité et que tout redevient poussière, j’ai pensé à la mort.
Que vont devenir toutes ces traces après notre mort ? Peut-être nous on s’en fiche, on sera mort, mais ceux qui nous aiment ?
Et ceux que j’aime, les personnes proches de moi ? Cela ne m’est encore jamais arrivé, mais ça viendra, oui, ça viendra peut-être. Ceux qui ne sont pas dans mon intimité, je ne pourrai rien faire, à part de temps en temps retomber sur leurs traces. Cela doit faire bizarre, non, de lire ou voir les mémoires des décédés. C’est certainement arrivé déjà à beaucoup de personnes.
Et ceux qui sont très très proches, si je leur survis, que vais-je faire ? Laisser leur mémoires sur le web ? Ou aller effacer ce que je peux, si je le peux …si j’ai les mots de passe pour le faire ! Il faudrait peut-être penser à laisser des dernières volontés pour le web, non ? Allez, laisse toutes mes traces se perdre dans le world wide web ou, s’il te plaît, je te donne mes mots de passe, va effacer ce que tu veux, ou ce que je veux, voici mes dernières volontés pour le WWW. C’est peut-être idiot, je n’en sais rien …
Il y a aussi toutes les traces que l’on a laissées, oubliées, perdues … à jamais. Et un jour, quelqu’un de proche tombera dessus par hasard, le sourire nostalgique ou la larme à l’œil … ou bien plus tard un descendant les verra avec plaisir, une valeur ajoutée pour l’arbre généalogique … ou un inconnu les trouvera comme une curiosité historique …

Il est vrai qu’avant le web, ces questions se posaient uniquement pour les héritiers de gens célèbres. Je publie ses lettres ou non. Qu’est-ce que je fais de son dernier roman inachevé ? Avec le web, tout le monde est célèbre pour quelqu’un. Toutes ces traces laissées involontairement ou non, elles sont bien là, imprimées dans le virtuel, à tout jamais ?

De mon ancien métier d’antiquaire, j’en ai vu des traces, des milliers de traces, mais ce n’était que papiers, photos, à l’abandon. Oui, bien souvent à l’abandon. Et ensuite brûlées, sauf si un intérêt historique en ressortait. J’ai vu aussi les gens jeter, brûler, tout le passé, beaucoup, énormément. De par mon éducation, j’ai toujours été attaché au passé, à faire attention aux aïeux, et j’avoue avoir été très surprise au début de ce dédain pour le passé. Mais c’est une réalité, j’ai bien vu de nombreuses familles jeter et jeter, brûler et brûler, et même parfois des “objets” dignes d’intérêt historique. J’ai vu toutes ces lettres, toutes ces photos, tous ces carnets de voyage, de cuisine, de vie … partir en fumée.
C’est peut-être pour cela que je m’interroge sur toutes ces traces laissées après la mort sur le grand réseau mondial. Quel changement ! Une véritable mutation des feus humains.