Tenaillés, emprisonnés dans la maison natale, la maison des idées et des dogmes tout prêts. Sortir, il faut sortir.
Revenir, repartir, rien dire, furtivement voir les astres briller, tant de mondes étranges, inconnus, pourquoi rester étriqué dans ses mémoires. Il n’y a pas que des mémoires humaines, des mémoires animales, rocheuses, liquides hantent la terre. Il faut devenir eau pour percevoir l’eau. La surface ne donne que des reflets, de brefs aperçus des vraies réalités.
Tenter de se liquéfier, penser eau, penser ventre de la terre, seul moyen pour revenir aux origines.
Revenir aux origines, pourquoi ? Pourquoi cet attrait des mémoires premières ? Et si l’on pouvait vivre sans savoir ? Le futur ? Mémoire du futur. C’est une boucle, oui, une boucle. Piège de la boucle ! Où se projettent les mémoires s’il n’y a pas de sens ? Sortir de la boucle. Ne plus penser, réfléchir !
Vider, vider toutes les eaux, vider, vider tous les feux, vider le trop plein de terre, expirer l’air à fond, vider, vider tout. Prêts pour la fusion, on fonce vers le néant.
Déchirements ! Peur devant le précipice ! Effroi, est-on seuls ? Un pied sur terre, un pied dans le vide, tenir l’équilibre. Les pieds sur terre, la tête dans le néant. Réapprendre. La page est vierge de possibles chemins. Croisera-t-on du monde ? Et que faire des fantômes ? Prendre en compassion les fantômes, c’est tout un passé qui ressurgit. Les laisser mener bon train. Il ne faut pas avoir peur des fantômes, un jour, certainement, ils abandonneront leurs oripeaux, et dans leur mue, laisseront aussi leurs vieilles peaux étriquées.
Et le chemin se poursuit, avec les fantômes et les nouveaux arrivants, les territoires se désagrègent, vaste, vaste est le monde. Un pied dans la tombe pour tenir encore la main aux anciens, un pied déjà loin qui a franchi le précipice. L’écart est possible, la souplesse est un don de la nature.
Reste la peur, la peur archaïque, la peur primaire, cette peur inéluctable. Regarder la peur, en face, oui, lui sourire. Et la peur devient amie, elle nous accompagne sur la route. Puisqu’on ne peut la retirer, puisqu’elle est là depuis le début, puisqu’elle nous tient, fraternisons avec elle.
Et allez, en route, le chemin doit être assez long, si on veut arriver à temps, il est l’heure du départ.
1 comment
Dominique Rabeuf says:
Août 28, 2009
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Ou la chute de la maison Uscher
Un épisode de Sex and the Charity