Superbe expérimentation en direct sur Twitter des Twollars, les adeptes, les testeurs, les contradicteurs, les réfractaires, ça fuse, c’est in vivo.

Je ne vais pas expliquer ce que sont les Twollars ici, allez voir là, tout y est http://www.wikiservice.at/fractal/wikidev.cgi?FR/PinkoMarketing/Twollars , fouillez dans le site.

Ce qu’il y a de formidable dans cette expérimentation – jeu, c’est qu’elle a révélé plein de choses. Il y a ceux qui ont remercié pour du travail effectué, ceux qui se sont marrés, ceux qui ont remercié pour rien (moi 😉 ) , ceux qui n’ont pas voulu joué le jeu, etc …

Dans ce joyeux gazouillis de Twollars, j’ai balancé entre l’enthousiasme, le scepticisme, les doutes et j’ai observé.
Il est vrai que les Twollars sont un peu particuliers, puisqu’ils sont ensuite transformés en dollars sonnant et trébuchant par une entreprise qui va faire œuvre de charité. Nous ne sommes donc pas dans une monnaie parallèle, puisqu’il y a taux de change. Mais dans le bouillonnement de l’expérience, je crois que certains ont oublié ce but et c’est là que c’est intéressant. Oublions un instant les marques, l’entreprise et le projet caritatif.

Dans les détractions de ces Twollars, on ne parle pas vraiment de ça, mais du problème de la comptabilité des échanges. Si on se met à compter ce qui était gratuit auparavant, patatras !
Et c’est vrai, clignotants allumés, danger ! En un sens, Twitter a permis l’expérimentation, mais peut-être que ce n’est pas la plate-forme la plus adaptée.

Rajout : suite à discussion sur Twitter avec Florence Meichel, le rêve qui suit n’est plus de l’ordre du Twollar mais de la love money.

Et cette nuit, j’ai fait un rêve !

Si nous sommes bien dans la love money, la monnaie de l’amour, alors il faut changer de paradigme, faire le saut de l’ange ou le saut de la puce, c’est peut-être juste un petit saut à faire.

Je sens qu’il y a quelque chose d’important là. Difficile à exprimer. Je vais essayer.
Sortons du quantitatif.

Quand j’étais commerçante dans un petit village, tous les mercredis matin, jour du marché, Kiki, trisomique, venait avec son panier faire les courses. Il rentrait dans ma boutique en souriant, me faisait deux gros bisous et disait invariablement ” Il fait beau aujourd’hui !” même s’il pleuvait des cordes. Et il repartait tout de suite pour s’arrêter à la prochaine boutique.
Si j’avais eu de la monnaie de l’amour, je lui en aurai donné des tonnes. C’est que je l’attendais kiki, et s’il n’était pas là, le mercredi, je m’inquiétais, il doit être malade et je me renseignais auprès de sa mère pour savoir si tout allait bien. Et pourquoi Kiki, il n’aurait pas droit à ma monnaie de remerciement ? Le remercier de vivre, d’être là à nous apporter de la joie. Peut-être que ça lui aurait bien servi à Kiki et à sa mère pour parer aux aléas de la vie. Ce n’est pas de la monnaie de charité, oh non, c’est de la monnaie de vie.

Et le pain, comment je le paye mon pain avec cette monnaie ? C’est là où il faut faire le saut, je n’achète plus le pain, je remercie le boulanger d’avoir fait du pain. D’ailleurs, je ne sais pas vous, mais je dis toujours merci au boulanger quand il me tend le pain contre mon argent. Je n’ai pas l’impression de dépenser de l’argent. Dans ma tête, je lui suis reconnaissante d’avoir pétri la pâte.

C’est ça la love money pour moi, alors c’est sûr, si on se met à remercier que la production, la quantité de travail abattue, nous n’irons pas très loin et nous retomberons dans les travers pointés par les réfractaires aux Twollars.

Car je peux aussi remercier la personne en colère, celle qui pointe des choses que je ne veux pas voir, qui peut-être m’ouvre l’œil. Alors, merci pour ta colère, je te remercie.

Et je peux même remercier les erreurs, les échecs qui au final ont servi à la communauté. Remercier les faiblesses, remercier pour rien.

Je vais loin là certainement, idéaliste, utopique … Que sais-je encore ?

Et vous direz et celui qui reçoit et qui ne redonne jamais cette monnaie. Mais il va étouffer ! Si, on ne peut pas garder l’amour, c’est impossible ! Qu’est-ce qu’il va en faire, elle ne vaut que dans le partage, cette monnaie ne peut pas être gardée dans un coffre.

Et celui qui ne fait rien, à qui on donne rien ? Heu, je ne sais pas si cela peut exister avec cette monnaie. Dès la naissance, le petit humain quémande l’amour pour ne pas mourir et en retour il aime très fort. Alors à partir du moment où on aime, comment pourrait-on ne pas donner et recevoir ?

Tout ce que je dis là est à l’état brut, une sorte d’intuition, c’est que je pense que nous ne pouvons pas comprendre cette monnaie si on ne fait pas ce changement dans la pensée. Bien sûr, il ne faut pas être dupe, réfléchir. Mais si nous restons dans le vieux schéma de la monnaie avec ces monnaies là, cela peut être terrible, nous devons la penser autrement.