Le problème du marketing n’est pas qu’il soit présent, c’est qu’il tend à devenir est omniprésent et s’empare de toutes les créations, notamment sur le web (2.0, géotagging, réalité augmentée, etc …), mais pas que (pense à des installations publicitaires calquées sur le mode des installations artistiques et que ceux qui ne connaissent pas cet art là, s’exclament de « ah quel génie, superbe cette pub en plein aéroport »_ pense à la voiture de je sais plus quelle marque mise dans un terrarium avec plein de serpents_, etc).

Par cette présence massive, la publicité nous dissimule les enjeux importants de notre génération. Changer de modes de production, respectueux de l’environnement (oh zut, j’ai l’impression de parler greenwashing comme EDF, c’est ça aussi l’omniprésence, s’emparer des enjeux de la société, détourner le langage politique, du coup les mots n’on plus de sens), changer de modes de management, c’est-à-dire supprimer l’esclavage et la prolétarisation du travail, changer de modes de relations client, c’est-à-dire supprimer le consommateur qui dévore les produits, donc la planète et les âmes,  changer …

Mais voilà, nous, pauvres clients, sommes perdus et à chaque acte d’achat, il est bien difficile de savoir, si oui ou non, c’est du lard ou du cochon … Surtout, surtout dans les produits technologiques, ceux qui sont censés changer la planète, le 2.0 tout ça, … entre les déchets polluants, les esclaves d’Asie, … ouh lou lou … et moi la première, j’en veux de ces machines, j’en ai même besoin, je crois bien, alors je peux toujours parler, aïe, mes actes ne suivent pas.  Nous sommes vraiment empêtrés.

Aparté : pour moi l’économie de l’immatériel, c’est du bullshit, tant que ne sont pas pris en compte les changements nécessaires décrits plus haut, tant qu’une seule puce se retrouvera dans des montagnes de détritus rendant malades des enfants qui les trient, tant que des manœuvres sous-payés, entassés à travailler des heures et des heures pour fabriquer des IPad par exemple, se suicideront même … Bullshit !

Mais revenons aux moutons, à nous quoi, acheteurs décérébrés. Il y a longtemps déjà que la pub s’est emparée de nos « révolutions », comme Hollywood Chewing-gum et ses hippies heureux et libres des années 70.

Alors la révolution Internet, même s’ils ont mis du temps, ça y est, on y est, sont partout … (la fille parano qui voit des pubards et des marketeux vicieux partout, ha ha ha ) …  Je me fous de moi là, mais, mais, l’échelle est toute autre par rapport à la télé ou au papier et le ciblage massif est bien utilisé. Et au lieu de profiter (sauf quelques entreprises) du formidable atout d’un client contributeur et co-responsable avec qui il va pouvoir interagir pour améliorer ses produits en tout sens … heu, là, je dois être en pleine utopie … il est où ce client ? Elle est où cette entreprise ?

Parce que franchement, par exemple, Steve Jobs et sa secte d’adorateur, il en est où avec ça (l’écologie, toussa)? Je ne crois pas vraiment  au client qui va faire changer l’entreprise, dans des communautés dédiées, tout simplement parce que l’entreprise ne veut pas changer. Tant que ça marche, pourquoi changer ?

La révolution, elle est mangée au fur et à mesure, grignotée à l’intérieur de nos esprits. Ce que nous voulons, c’est rire et jouer, des rires et des chants … Alors, ça marche, des pubs qui font LOL et des cadeaux à gagner. Bonux !

Attention #jeudiconfession ! Lors de mes études, il y a plus de 20 ans #jesuisvieux, j’ai fait plusieurs jobs, mais il y en a un qui m’a marqué, c’était télévendeuse pour le Nouvel Obs, oui, je dis la marque, je ne leur dois rien, aucune fidélité et puis je ne crois pas retravailler pour eux un jour … et puis même … on s’appelait tous Dominique Dumas, prénom interchangeable pour fille et garçon, enfermés dans des cages de verre, une bonne dizaine par cage dans l’endroit dédié au télémarketing toutes marques confondues ( et on pouvait fumer à l’époque, je vous dis pas, même moi fumeuse, j’étouffais) et nous appelions au téléphone les vilains clients qui s’étaient désabonnés du journal.

« Bonjour Mr Duchmol, Dominique Dumas à l’appareil, vous venez de gagner une magnifique cafetière, magnifique ! Si, si, oui, oui, c’est vrai … Le Nouvel Observateur vous offre cet incroyable cadeau avec votre abonnement … »

Et je vous dis pas, ça marche ! Oui, ils étaient tout contents avec leur cafetière ! Mais pourquoi je raconte ça, ben, parce que c’est toujours pareil. Prenez Foursquare, oh punaise, je viens d’avoir une pizza gratuite chez Domino’s, oh, yeah, j’ai mon café offert chez Starbucks, je suis le mayor des mayor … c’est pas beau ça !

Entre la pub qui fait rigoler bêtement, qu’est-ce qu’ils sont créatifs quand même et que l’on buzze, la pub qui fait genre art décadent et révolutionnaire, qu’est-ce qu’ils sont créatifs quand même et que l’on buzze, la pub qui fait des jeux de mots, qu’est-ce qu’ils sont créatifs quand même et que l’on buzze, (Culture Pub M6 a bien fait son travail) et le cadeau gagnant, qu’est-ce qu’ils sont sympas et qu’on s’empresse de buzzer pour faire profiter les potes,  on y est jusqu’au cou, enfoncé, même plus la tête qui dépasse.  Parce que si les amis de mes amis l’aiment cette marque, ben moi aussi, mimétisme, bêtise. On l’aime parce que c’est rigolo, c’est sympa, ils offrent des cadeaux, et tant pis si je suis pistée partout où je vais. Surtout ne pas réfléchir, surtout ne pas se demander comment est fabriqué le produit, surtout ne rien changer, c’est tellement confortable. Manquerait plus que ça, après une journée de boulot ou de chômage actif, se poser des questions, laissez-nous profiter du dernier écran plat, celui qui n’a pas été remboursé à cause de Paul Le Poulpe. Le social marketing dépasse les espoirs les plus fous de tous les marketeux du monde.  Des hommes et des femmes sandwich partout sur le web, c’est pas génial ça ? Et dans la rue aussi, ça continue de plus belle,  les signes extérieurs de richesse, des femmes et des hommes sandwichs  avec les marques bien visibles des vêtements.

Bien confus, tout ça, j’espère que vous avez suivi mes digressions, parce que là où je veux en venir, c’est, comment on fait pour dire stop !

Je n’y crois pas trop à la fameuse subite prise de conscience des consommateurs clients. Franchement, je n’en vois pas l’ombre d’un bout de l’ombre. Avant que le marketing s’empare du web, j’y croyais un peu, mais là, hum … Parce que franchement, ça marche bien, tout ça, rien ne s’effondre, les délocalisations à bas coût ont tellement réduits les coûts des produits qu’on peut balancer un max de la marge dans le marketing. Mais faut pas croire, je ne suis pas contre le marketing, qui est le moyen de se faire connaître et de vendre le produit, quand c’est fait avec respect et honnêteté …

En fait, le big problème, c’est que nous manquons d’entreprises vertueuses, tellement embrigadée s dans le profit à tout prix, qu’elles ne voient plus les dégâts collatéraux, la bêtise érigée en art de vivre sous une surveillance étroite de toutes nos pensées de tous nos actes d’achat. Elles trouvent cela formidable, ce client si sympa qui parle d’elles (et même en mal, il parle d’elles) et le client, il est si content d’avoir un rapport si privilégié avec la marque, rendez-vous compte, il a eu un cadeau lui !  Du coup, plus personne ne se demande si  c’est bénéfique à notre humanité. Il faut attendre une catastrophe, genre BP, pour penser, ah la la, ce pétrole quand même, ça pollue, c’est pas bien, et hop, on va remplir le réservoir !

Nous sommes tous dans le même wagon, au creux de nos contradictions, car oui, j’exagère, je sais bien que pleins de gens sont malheureux, savent pas pourquoi, mais ils ne sont pas bien. Ils font un boulot qui participe à cette bêtise générale qui nous tue et en plus ils consomment les produits qui nous tuent. Certains ont des lueurs, comme moi, et alors, on peut être encore plus mal, mais comment on fait pour le stop ! Ou alors, on accepte nos contradictions, quand vraiment on ne peut pas faire autrement (l’essence dans la voiture) et et et … ben, je ne sais pas.

Le diagnostic est maintenant posé par plein de monde, la littérature et les discours sont disponibles partout : la publicité et le marketing sont les bras armés de ce système qui nous engloutit. Mais la solution elle est où ?

Des stages de rééducation de consommateurs ? mouarf

Parce que pour le reste, et bien tant que ça marche la pub fun, qui fait lol, qui donne des cadeaux, je ne vois pas pourquoi ils ( ils, étant les entreprises et leur comm) changeraient.

Je ne voulais pas l’autre jour publier cet article, car je le trouvais trop pessimiste, je voulais finir sur une note positive, genre, tous les clients du monde vont se donner la main et faire changer les entreprises, mais le doute s’est emparé du corps du texte ! Du coup, j’ai changé aussi le titre !

Et comment on fait stop ??? Je reviendrai en parler quand j’aurai la solution 😉

Tiens, je finis, avec un de mes tweet  du jour : « Réduire l’entreprise à une marque, voilà l’erreur, ce n’est que la pointe visible de l’iceberg. »