… suite à l’Université d’été et autres discussions récentes.
Où j’examine plus en profondeur les raisonnements
On retrouve donc chez les activistes du RDB, ceux qui pensent temps présent sans trop rien changer, transition dans le système présent, ceux qui pensent à long terme, dans une hypothétique société projeté qui n’existe pas encore …ou jamais, et ceux qui pensent faire rupture avec ce système et cela plus ou moins rapidement, avec un projet de société lié ou non, et laissant ce système tel qu’il est, le laissant s’autodétruire ou pas, qui le sait ?
Nous sommes de toute façon en phase de transition. Il est donc possible de penser cette période et de voir ce qu’il est possible de faire ou pas.
Il y a la voie politique, et quelques partis politiques sont en train d’adopter l’idée d’un revenu de base, ça frémit pas mal. Seulement beaucoup ont du mal encore, ne maîtrisant pas bien le sujet, à en parler et ne savent pas comment le lier à leur programme. On est souvent surpris de lire et d’entendre des propositions sur l’emploi par exemple, qui sont complètement déconnectées de l’idée même d’un revenu de base. Le RDB est un peu vu comme un cheveu dans la soupe, il est bien dans le programme, mais il gène … Et faire l’inverse, penser un programme de parti politique à partir du RDB serait-ce possible ? Je ne sais pas et j’avoue, que je crois de moins en moins à la puissance du politique, en tout cas, pas actuellement, pas comment le monde est. Tant que les politiques seront à la merci des puissances financières, rien n’est envisageable et possible en terme de changement par ce biais là. Oh si, des petits changements tout de même, j’exagère, mais de là à faire muter toute une société, le fossé est grand, immense et indépassable. Désolée pour ceux qui y croient, je vous laisse y croire, mais perso je n’y crois vraiment plus trop.
Cela ne m’empêche pas d’apprécier les travaux de certains, qui arrivent à prouver économiquement qu’un RDB est possible dans ce système de monnaie dette et d’impôts. On ne change rien à ce foutu système mais on y intègre une part de subversion, si on peut le dire comme ça. Cela permet aussi dans les débats de montrer qu’un financement est tout à fait possible et que l’argent est disponible. Ces travaux influencent quelques partis politiques.
Par contre, je suis bien plus gênée et ennuyée par les propositions qui ont tout un projet de société ficelée, où il faudra faire comme si et pas comme ça, la proposition du salaire à vie en étant le paroxysme. Là, à part couper des têtes dans le sang, je vois pas comment on fait … Et je n’ose imaginer certains de ces futurs systèmes idéologiques mis en place, j’en frémis même pour le manque de liberté… Brrrr
Pour envisager la transition, mon cœur penche pour la rupture douce. Comme je le dis souvent, un vieux monde s’effondre, un nouveau se lève, laissons le vieux système et agissons dans un nouveau système. Même si ce n’est pas simple, même si nous sommes empêchés, même avec notre cul entre deux chaises, avançons avec ceux qui veulent avancer.
Pour faire rupture, il n’y a pas 36 solutions : soit partir avec un groupe fonder une nouvelle communauté autonome sur un territoire restreint, loin du brouhaha du monde, quitte à prendre le risque de mourir en route, comme tant d’autres l’ont fait à travers les siècles. Je pense à Icarie au Texas ; soit prendre le problème à la racine et tenter d’y remédier avec nos outils actuels.
La racine, c’est notre manque de liberté et la subordination obligatoire que l’on nous inflige pour survivre. Qui est nous ? C’est un peu nous-mêmes, puisque nous sommes dans une servitude volontaire, presque inconsciente certes pour beaucoup, mais acceptée et c’est beaucoup d’autres que nous-mêmes, une part de nous ailleurs, qui profitent et maintiennent ce système, ces fameux 1%. Et puis derrière il y a toute une échelle, où beaucoup rêvent de grimper, c’est pour ça que le système tient. Les dominés qui rêvent d’être dominants, qui rêvent d’un haut de panier, qui rêvent carrière. Les dominés qui dominent tous les jours à l’échelle de leur échelle. Sortir de ce cercle vicieux, c’est sortir de siècles de lavage de cerveau, de mental formaté, d’idées moulées profondément.
Combien sont ceux encore qui espèrent un genre de « le futur, c’était mieux avant » avec une nostalgie des Trentes Glorieuses, ces fameuses années où tout aurait été possible. Lavage de cerveau encore, ces années là n’ont pas été glorieuses pour tout le monde, notamment les pays du Tiers-Monde, comme on disait, pays qui après avoir été colonisés, soi-disant devenus indépendants, ont été et sont toujours la proie des pires saccages et vols des ressources premières. Mis à feu et à sang pour prendre encore et encore les ressources pour le progrès de l’ « autre monde », le riche et plus du tout si riche que ça et qui ne l’a jamais été d’ailleurs pour tout le monde, le quart-monde, ça vous dit quelqu chose ? Et donc croyance encore ! Que pensaient les habitant des taudis des années 60 70 en France, pensaient-ils qu’ils étaient glorieux ? C’est dingue comme on peut paramétrer le mental des gens.
Le problème, c’est vraiment l’idée que cette échelle existe et que l’on peut grimper dessus. Combien de parents, par exemple, veulent encore et toujours la réussite de leurs enfants à l’école, non pas spécialement pour apprendre, mais pour avoir une bonne situation plus tard ? Je ne jette pas la pierre, je sais que ce n’est pas facile, mais s’il y a une échelle, qui est en haut, qui est en bas, au milieu ? Si tout le monde est en haut est-ce que l’échelle peut tenir debout ? Non. La réalité, que personne n’ose s’avouer ou dire trop fort, c’est qu’il y a des gagnants, des qui s’en sortent à peu près, puis des perdants donc, c’est la réalité de l’échelle. Oh si, certains le disent bien, mais ils s’empressent souvent dans leur vie de tous les jours de rester au moins dans le panier, question de survie encore. Et puis il y a les cyniques, qui trouvent logique de dénigrer l’autre parce qu’il serait en bas de cette fameuse échelle, l’autre qui n’aurait pas de mérite. Cette idée de l’échelle, est je crois, la pire des choses que l’humanité s’est infligée. Supérieur, inférieur, quoi de plus terrible que de classer les humains ainsi.
Faut croire que cela arrange hélas au final pas mal de monde. Une méthode de survie certainement, liée à des temps plus anciens, liée à des formes d’esclavage plus brutales, une façon de tenter de s’extraire de la boue, s’extraire de ces 5000 ans de dettes (cf David Graeber), dettes qui ne font que s’accroître. S’il y a bien une croissance, c’est la croissance exponentielle de la dette qui tient tout le monde esclave des puissances financières. Nous sommes arrivés presque au bord de ce système. Nous n’avons plus le choix, nous devons faire un grand bond en avant et sortir de ce piège. Si nous ne prenons pas la route maintenant, j’ai bien l’impression qu’il pourra ensuite être trop tard.
Où l’on en vient à la monnaie
Mais s’il y a bien un domaine où le formatage mental et émotionnel a été accompli avec un succès presque total, c’est le domaine de l’argent, de la monnaie. Voilà qui nous intéresse au plus haut point pour le revenu de base, puisqu’il s’agit d’un revenu d’existence, d’un revenu monnaie. Sans monnaie, nous sommes voués à être au plus bas du plus bas de l’échelle. Sans monnaie, notre droit d’exister est sérieusement mis en péril. C’est exactement là où nous en sommes.
Un revenu de base versé en monnaie dette ne changera que très peu l’échelle, peut-être un peu, soulageant pas mal de personnes du poids de la misère, aidant quelques uns à œuvrer dans ce qu’ils désirent, mais fondamentalement, le problème de l’échelle sera toujours là. C’est intéressant, c’est peut-être un moyen de transition, mais absolument pas un moyen de libération. Que ceux qui œuvrent en ce sens le fassent, là n’est pas mon propos. Le revenu de base est déjà assez révolutionnaire comme concept et si donc cela peut aider certaines personnes à entrevoir un futur possible, c’est une bonne chose.
Il est par contre souhaitable, que ceux qui ont compris le piège de la monnaie, le disent. Souhaitable que nous disions bien clairement qu’un financement du revenu de base avec une monnaie qui nous maintient en esclavage ne nous mènera pas très loin.
Pour ceux qui voient mes propos un peu obscurs là, qui ne voient pas bien le rapport, je vous conseille de vous renseigner sur la création monétaire sur Internet. Les conférences gesticulées de Gérard Foucher sont très pédagogiques par exemple, comme celle-ci:
Certes, comme le lavage de cerveau est intense, il n’est pas simple de comprendre la supercherie : les banques privées créent la monnaie au moment où elle prêtent de l’argent, elles récupèrent l’intérêt et détruisent ensuite la monnaie qui est remboursée. C’est cette monnaie qui est en circulation et que nous utilisons tous les jours. C’est la masse monétaire (je simplifie ici). Nous payons la monnaie que nous utilisons et le spectre de la dette s’élève pour nous épouvanter et nous imposer des mesures draconiennes qui n’ont pas lieu d’être, nous imposer d’être esclaves pour rembourser.
Certains, ne comprenant pas bien encore cette réalité, nient que ce soit les banques privées qui créent la monnaie. Et pourtant, c’est marqué dans ce livret de la Banque de France (pages 10-11) et Bernard Maris le dit très clairement. Alors, ceux qui tentent de faire connaître cette vérité, sont parfois dénigrés et peuvent même être accusés de « complotiste », de méchant ultra libéral facho et j’en passe et des meilleures … Mais ne nous laissons pas déstabiliser par ces propos, l’ignorance en est la cause. Libres à ceux là de rester ignorants, comme libre à chacun de rester piégé dans ce jeu de dupes.
Hormis cette histoire de dette, il est capital aussi de comprendre à quoi la monnaie nous sert et quel est son rôle et qui détient le pouvoir de création; comprendre aussi comment un système monétaire nous enferme dans des comportements et des automatismes: le jeu de la corbeille est un très bon outil pédagogique, un jeu qui permet de tester des monnaies et comprendre nos agissements selon le code monétaire; le livre de Bernard Lietaer « Au cœur de la monnaie » est très instructif, il fait l’historique de la monnaie et nous montre la liaison entre patriarcat et mise en esclavage des femmes avec la monnaie dette centralisée et des moments plus souples de l’histoire (Égypte ancienne et période médiévale) où les femmes avaient repris droit de cité grâce à des monnaies complémentaires différentes pour les échanges quotidiens.
Du libre et de la légitimité
Pour sortir du piège, les nouveaux outillages numériques sont la clé. Ils peuvent nous emprisonner presque à tout jamais (sauf en cas de panne générale d’énergie) ou si nous les prenons en main, ils peuvent nous aider à nous libérer. Les logiciels libres, n’ont pas pris le nom de libre par hasard. Ils sont une alternative puissante aux logiciels privateurs de liberté. Le code source est ouvert et chacun est libre de partager, copier et améliorer. Le réseau Internet mondial peut être le support de notre liberté comme de notre enfermement. A ce sujet, si ça vous intéresse, Framasoft lance en ce moment une chouette initiative pour dégoogliser Internet.
Olivier Auber, a bien pris conscience de ces enjeux depuis longtemps ( je vous conseille de vous intéresser à ses travaux sur la perspective numérique et à son générateur poïétique). Il en a déduit qu’il nous faut réinventer une légitimité commune. Qu’est-ce qui serait légitime pour chacun de nous, humains, pour que nous puissions exercer notre souveraineté et liberté personnelle sans entraver la liberté des autres ? Voici un interview de lui aux Universités d’été :
Voici les questions que Olivier nous propose de poser :
– A) Le réseau accepte-t-il tout agent A qui le demande ? L’agent A peut-il librement quitter le réseau ?
– AB) Tout agent B (présent ou futur) est-il traité comme l’agent A, y-compris les agents qui conçoivent, développent, administrent et font évoluer le réseau ?
– ABC) L’appartenance des agents A, B et C (ABC étant le début d’une multitude) à un réseau satisfaisant aux deux premiers critères, suffit-il à ce qu’ils se reconnaissent comme pairs ?
Dans un réseau d’échanges, que ce soit de conversation, d’idées, de biens, de services, il est urgent d’interroger la légitimité du réseau. Dans un réseau d’échanges de monnaies, il en est de même. La réponse à ces questions nous éclaire très rapidement sur la légitimité commune que nous pouvons choisir de choisir. Asymétrie et centralisation ou symétrie et décentralisation ?
Si donc on interroge le système monétaire actuel avec ce regard, il n’est pas légitime ! Il n’y a pas d’autres solutions, si on désire la liberté, que de changer complètement de système.
Là encore, on peut interroger diverses solutions de sortie du système monétaire que certains proposent pour le revenu de base : les monnaies complémentaires, le QE4P, et les monnaies libres issues de la TRM, Théorie Relative de la Monnaie de Stéphane Laborde . Ce sera l’objet de la partie 3 de ces réflexions. Je m’attarderai principalement sur la TRM et les monnaies libres, qui sont pour moi les plus à même d’être légitimes et de vraiment changer nos structures sociétales et économiques.
PS : l’article Wikipédia de la TRM a été supprimé ce jour soi-disant pour manque de sources fiables, les pages sur les monnaies libres, telles celles des projets OpenUdc et Ucoin de Wikipédia risquent de subir le même sort. L’ignorance et l’incompréhension de ces travaux, y est sans doute pour quelque chose.
6 comments
ChuangTseu says:
Oct 12, 2014
Je ne comprends pas ce problème que vous avez toujours avec de la monnaie dette. Naturellement, quand vous souhaitez acquérir de la monnaie, soit vous échanger biens et services contre cette monnaie, soit vous vous la faites préter, avec la promesse de la rembourser plus tard.
Partant qu’une quantité de monnaie permet dans un système économique donné d’acquérir des biens et services correspondant, ce serait un non-sens de réaliser une création monétaire non adossée à de la dette, qui matérialise la promesse de l’emprunteur de produire à son tour les biens et services nécessaires au remboursement de son emprunt.
Bien sûr on peut discuter ensuite du problème de l’expansion du crédit par les banques, en invoquant l’iniquité de leur monopole sur cet acte.
Mais si nos états souhaitent perpétuer le cours légal de l’Euro, alors on peut aussi comprendre que l’activité de création monétaire soit limitée à des acteurs un minimum sérieux, qualifiés dans la gestion du risque, et controlables (les banques) et non au moindre citoyen.
Après, mon avis est que les banques centrales, les états et inévatiblement les banques commerciales, ont tendance à faire n’importe quoi avec les monnaies principales, avec leur objectif tout à fait arbitraire de 2% d’inflation annuelle et leurs politiques d’injections massive de liquidité.
Et je n’aurais pas de reproche réels à leur faire si ces monnaies ne nous étaient pas imposées, de fait permettant à ces institutions (états en premier) un subtil impot sur le dos des posséseurs d’Euro (et on est tristement obligé légalement).
Ceci dit, je pense personnellement qu’on peut espérer voir naître dans le futur proche de plus en plus d’alternative crédibles au monnaies centrales actuelles, à conditions que les états acceptent de laisser s’affaiblir le monopole de l’Euro.
Et j’ose espérer que cela se fera dans le respect le plus total des libertés de chacun, par la concurrence naturelles de monnaies, donc pas à grands coups d’illuminés gauchistes de l’extrême rêvant de lendemains qui chantent en voulant imposer de façon authoritaire une monnaie à RDB par exemple. Parce que si on pouvait rendre les gens moins pauvres en imprimant simplement des billets, ça se saurait depuis longtemps.
carolef says:
Oct 12, 2014
Votre esprit paraît confus, vous parlez bien d’une monnaie dette nécessaire en concurrence avec d’autres monnaies dettes ? Je ne suis pas dans votre vision mais j’ai l’impression que vous voyez la monnaie comme un bien, sonnant et trébuchant, un peu comme de l’or, un bien rare que l’on obtient en travaillant ou en empruntant et donc travailler encore et encore pour rembourser. Le travail c’est la santé 🙂 Remarquez c’est ce que pensent la plupart des gens.
Mais on peut aussi voir la monnaie autrement, comme une comptabilité mutuelle de nos échanges, une mesure quoi. Seriez-vous d’accord, à chaque fois que vous achetez des carottes, de payer 5 % en plus pour le prix de la mesure, le kilo ?
Quand à la monnaie à RDB, monnaie libre, j’en parlerai dans la partie suivante, mais sachez déjà que justement puisqu’elle est libre, elle ne peut s’imposer.
Et merci apparemment de me classer dans les “illuminés gauchistes de l’extrême” parce que l’autre jour c’était libéral facho 😉
Et enfin pour finir, vous devez savoir que ce sont les professeurs qui ont mis le désordre dans le monde.
ChuangTseu says:
Oct 12, 2014
Ahah désolé pour la pique sur les « illuminés gauchistes de l’extrême », je visais surtout Bernard Friot avec son salaire à vie, mais aussi tous ceux qui ont tendance à croire un peu vite qu’injecter moulte monnaie dans le système à coups de QE4P rendrait le monde meilleur, promis-juré, c’est la panacée.
Revenons en au sujet (et j’éviterai tout écard déplacé :p ), la monnaie.
Déjà, je sais bien que notre système monétaire actuel n’a plus aucun rapport avec l’or ou tout bien matériel immédiat. (Bien sûr ça n’empêche pas d’imaginer des monnaies-marchandises se redevelopper dans le cadre d’une libre concurrence des monnaies. )
Ensuite n’oublions jamais, JAMAIS, que derrière tous ces jolis chiffres que représentent la monnaie, se cachent toujours des biens et services concrêts. Je ne suis pas en train de faire l’apologie du travail, je suis d’ailleurs loin d’être un chantre de la “valeur travail”, juste que oui, il faut nécessairement réaliser un échange (travail/bien) pour acquérir des biens. Et l’outil qu’est la monnaie ne déroge pas à cette règle fondamentale. Si l’on souhaite disposer d’une quantité de monnaie (donc pouvoir d’acheter) avant d’avoir produit la valeur d’échange correspondant, on s’endette nécessairement, sinon quoi cela se résume à du vol (ou de la redistribution si vous préférez, mais c’est un autre débat 🙂 ).
Pour ce qui est de la vision “comptable” de la monnaie, ce modèle me semble erroné dès lors que les comptabilités ne se font plus 1 à 1, mais sur la base de l’unité monétaire standard sans aucune indication nominative du créditeur/débiteur. Demain je vais acheter 1kg de carottes, je crée 10€ sur mon passif et vous file ces 10€, que se passe-t-il si vous utilisez vous même ces 10€ ? Qui garantit que je vais bien produire plus tard la valeur économique qui permettra au détenteur du billet de 10€ de les dépenser envers moi (on peut généraliser à l’ensemble de la zone éco) ?
Et puis, c’est malhonnête de dire qu’on nous force à payer sur des unités de comptabilité (bon déjà je suis pas d’accord sur le fait que ce soit des unités de comptabilité mais passons), car rien ne vous empêche dès aujourd’hui d’aller voir votre vendeur de carotte et lui acheter son kilo de façon comptable, sans échange de monnaie. Un coup sur l’ardoise, un minimum de confiance, et voilà, un échange caractérisé par l’étalon Euro sans en échanger aucun !
De plus, qui vous authorise à émettre une unité, ici l’euro, qui n’est pas votre propriété intellectuelle ? Emettriez vous des tickets-restos impunément sans plaintes de leurs émetteurs originels ? Idem pour des places de concerts ? Ou que sais-je ?
Si vous souhaitez créer une nouvelle monnaie, libre à vous, et alors vous pourrez spécifier dans votre contrat de monnaie que n’importe qui peut émettre cette monnaie. Et on verra si elle marche ou si c’est une mauvaise monnaie, personne ne peut savoir à l’avance. Mais par contre, il n’est pas du tout anormal que les Etats spécifient dans le contrat de la monnaie Euro l’interdiction d’émettre de l’Euro pour n’importe qui, réservant cette opération aux seules banques accréditées.
Aussi, la monnaie est malgré tout un bien comme un autre, imprimer les billets est coûteux, gérer les comptes et transactions est coûteux, gérer les risques liées au prêts ou à la liquidification d’actifs commerciaux est coûteux. Bref, aussi puissante que soit l’abstraction de la monnaie pour organiser les échanges dans nos économies, ce n’est pas une abstraction à coût nul, il est normal de rémunérer les entreprises commerciales (ici les banques) qui proposent leur service monétaire.
Si seulement celles-ci étaient en concurrence pour proposer chacune leur monnaie, plutôt que de se contenter de gérer l’actuel monopole monétaire que représente l’Euro, avec les dérives que cela entraîne.
Enfin pour finir, et encore désolé pour la pique sur le gauchisme, j’accueille avec curiosité toute inovation dans le domaine de la monnaie, et attend bien de voir le concept de la TRM être essayé. Mais n’oubliez JAMAIS que ce qui nous fait vivre, aussi malheureux que cela puisse l’être, c’est la production de richesses. Et ce n’est pas en imprimant chaque mois X unités pour tout le monde que tout le monde aura X plus de richesses réelles. Tout au plus un effet d’aubaine et une éventuelle amélioration de la fluidité des échanges, mais là encore j’en doute, je demande la confrontation à l’expérience réelle avant de me prononcer plus là dessus.
carolef says:
Oct 13, 2014
Comme votre pseudo est Chuang Tseu, je dirai comme il a dit : “On considère comme impossible une chose qui n’est pas possible. Toute chose a sa vérité ; toute chose a sa possibilité. Il n’est rien qui n’ait sa vérité ; il n’est rien qui n’ai sa possibilité.” 🙂
Alexis says:
Oct 15, 2014
J’ai hâte de lire la partie 3 ! 🙂
golgoth says:
Déc 24, 2014
Expérimentation de la liberté, en voilà un sujet intéressant ^^