Obligée 😉 de répondre au commentaire du post “respect et management”, je reviens sur ma réponse, finalement trop courte pour être compréhensible ou pas assez longue pour dire ce que je voulais dire. En fait, non, c’est juste que cela m’a donné les idées pour écrire ce billet.

J’y suis allée un peu fort ou bien pas assez fort sur les costumes. C’est vrai, il ne faut pas exagérer, les costumes ne sont pas totalement vides, heureusement !!!
C”est juste que les places prédéfinies de chacun dans l’entreprise peuvent alimenter la suffisance ou l’insuffisance des uns et des autres. Je suis le chef, je suis le sous-chef, je suis l’intermédiaire, je fais le ménage … et on met le costume qui va avec, on se cache sous le masque. Alors il y a ceux qui s’en rendent compte, ils savent qu’ils mettent leur personnalités au vestiaire et ils tentent de s’en arranger comme ils peuvent et puis il y a ceux chez qui le costume est devenu une seconde peau, ils le ramènent à la maison et ne savent plus très bien qui ils sont. Et plus rarement, il y a ceux qui tentent de rendre le costume le plus léger possible, toute leur humanité transparaît sous l’habit, ils sont en général très appréciés par les autres et même s’ils ne sont pas chefs, ils sont bien souvent leaders. Ils respirent la vie et redonnent du souffle aux autres. Mais ils peuvent faire peur aussi, car ils pourraient être source de déstabilisation dans des rouages bien huilés et bien établis, certaines entreprises les refoulent, d’autres les accueillent, c’est selon.

Mais non de non, avec tout ce stress au travail, tout ce “mal à l’aise”, ce mal être dont on parle tant, toutes ces entreprises qui ne correspondent plus aux aspirations des gens, aussi bien dans leur mode d’organisations que dans le produit qu’elles fabriquent ou fournissent, c’est qu’il y a bien une rupture qui se profile. Qui va pouvoir encore résister longtemps à cette séparation qui déchire l’être, surtout si le salaire ne suffit plus à accepter les contraintes … ?

Mais pourquoi il y a 2.0 dans mon titre ? Mais parce qu’il me semble que l’effet 2.0 ou l’effet “participatif” en entreprise permet d’entailler un peu les costumes. On desserre les chemises, les carcans, les corsets, (mais non, c’est pas la plage … ) et on essaie d’être un peu plus vivant. Incroyable quand même que des outils numériques puissent apporter du vivant et pourtant, on dirait bien que c’est cela qu’il se passe. C’est du vivant qui passe dans les tuyaux, ce sont des relations qui se créent, des relations moins formelles, moins rigides. En étant plus soi-même, moins théâtral, moins formaté, on peut enfin découvrir en soi et dans les autres des richesses insoupçonnées à partager. C’est un peu la pause “machine à café” qui s’infiltre dans les outils, sauf que ce n’est plus 5 minutes, mais bien bien plus ! La fluidité des échanges est enfin permise et la distance s’efface (dans les deux sens, la distance)
Ce n’est pas sérieux, disent certains, et pourtant on peut travailler en étant bien, en s’amusant, en disant un bon mot, en réconfortant ceux qui planchent, même au loin ( un petit twitt qui dit “allez courage pour ta présentation” ), en appelant au secours (“qui a une idée sur …”), etc … Cela n’entrave pas le travail, au contraire, c’est la vie qui revient, la vie qui se reconnecte.
Bon d’accord, des fois nous avons besoin de calme et de réflexion. Qu’à cela ne tienne, on débranche les outils et on se plonge dans le doc à rédiger ou autre travail demandant concentration. Un problème à résoudre, une info à confirmer ? Et hop un petit tour sur le chat, peut-être il y a justement la bonne personne qui va me répondre, ou un petit tour sur Skype ou encore mieux sur Twitter … ou ailleurs, etc etc … Je peux aussi travailler en solitaire et laisser les outils ouverts, me laisser déranger, peut-être que quelqu’un a besoin de mon aide, je suis là, présent, présente !

Alors, celui qui a mis sa vrai personnalité au vestiaire, petit à petit la reprend, et par exemple, celui qui n’osait pas dire ou n’osait pas tout court, par peur d’être mal vu, peur d’être jugé, va pouvoir interférer, agir, dire, puisque les autres font de même et que ces méthodes sont encouragées par tous. Et celui qui croyait être devenu un costume pourra se rendre compte qu’il y a quelqu’un d’autre dessous, tiens, j’ai de l’humour, mince alors, jamais je n’aurai cru pouvoir répondre à un commercial aussi directement, sans ambages, sans me mettre en colère, j’arrive à prendre du recul …

On découvre des collègues qu’on n’aurait même pas salués à la cafétéria, des collègues d’autres services, inconnus. Et justement, il se trouve que l’on peut avoir des centres d’intérêt communs, des infos à partager utiles pour le boulot, le grand chef d’un autre service qui va se mettre en relation avec un petit sous-chef d’un autre service, tout simplement parce qu’ils ont besoin l’un de l’autre sur un sujet précis.

Et imaginons, sur Twitter encore, par exemple, que je sois la petite employée et que le grand chef me suit, pourquoi il ne pourrait pas me répondre le grand chef ? Le costume ne passe pas dans les tuyaux, alors il ne faut pas avoir peur du grand chef … et le grand chef, faut pas qu’il ait peur non plus, il peut dire qu’il a arrosé sa plante verte, s’il a envie. ( Ok, c’est pas très pro 😉 )

C’est comme si les outils froids, si froids de l’informatique, se mettaient en vie. Heu, c’est une image, hein, non, les robots ne sont pas vivants, c’est ceux qui font marcher les robots qui le sont, jusqu’à présent, non ?

Enfin, billet certainement utopique et plein d’idéologie, mais allez, des fois, il faut savoir se laisser aller ! C’est parce que je viens de lire “comment le web change le monde”, ça doit être ça ! 