Les réseaux, la toile, la grille, tout est tramé, tissé. L’art du tissage, art sacré chez les peuples premiers. On lie, on relie, on fait des nœuds, dans tout tissage il y a des nœuds. On tisse des fils, des fibres, on croise et on entrecroise. Et pour maintenir le tissage, on noue à des endroits stratégiques, aux points de croisement, pour mieux repartir, continuer le tissage. Sans fin, on peut tisser, nœud après nœud. La trame, c’est la base, chaque fil a son importance, c’est lui qui amènera la couleur, le dessin, le design, une vision de l’ensemble. Le nœud, c’est l’arrêt obligatoire, la bifurcation nécessaire, pour continuer la création, la récréation ensemble dans un ensemble maintenu.
Et nous aurons beau rendre les fils les plus transparents possibles, tramer le tulle, le voile, le plus léger possible, ce sera toujours un filet noué aux mailles très fines. Il y a toujours des nœuds. Et on ne peut pas voir à travers un nœud, il faut le dénouer et si on le dénoue, la toile fout le camp. Elle se défile, l’ouvrage se défait. Ce n’est plus alors la toile que l’on voit mais autre chose. On ne peut jamais voir à travers la toile entière à cause des nœuds. Les fils du réseau, au moment où ils se nouent, se cachent. Si on tire sur le fil noué, le réseau disparaît.
C’est tout l’art du tissage.